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Lancement de la 3ème édition de la semaine des cultures étrangères à Paris

Mesdames et Messieurs les Directeurs d’instituts et de centres culturels étrangers à Paris,

Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureux d’ouvrir, en votre présence, Monsieur le Ministre, cher Gilberto, la
Semaine des cultures étrangères à Paris, qui propose pour la troisième année consécutive,
un parcours festif et riche en découvertes parmi les 35 centres et instituts culturels étrangers
à Paris.

Je souhaiterais tout d’abord rendre hommage à tous les centres et instituts culturels
étrangers qui ont organisé cette fête des étrangers de Paris et de leurs cultures. Je voudrais
également souligner le rôle d’initiateur du Centre culturel canadien qui a été à l’origine de ce
projet. Ce n’est pas un hasard si nous retrouvons toujours le Canada à nos côtés pour parler
de la diversité des cultures. Cette initiative illustre une fois de plus l’attachement de ce grand
pays aux valeurs et aux principes du dialogue interculturel et de la diversité culturelle. Le
Canada est un exemple de tolérance et d’ouverture à autrui ; dans ce pays où plus de 200
groupes ethniques cohabitent dans le respect de leur identité, la diversité culturelle n’est pas
un vain mot. Comme le Canada, la France estime que défendre l’égale dignité des cultures
est une condition sine qua non de la paix. Dans ces temps troublés, le respect de l’autre est
essentiel ; il est en effet primordial d’apprendre à se connaître et de s’enrichir au contact des
autres cultures. Je suis convaincu que la culture est la porte qui ouvre sur la connaissance
de l’autre et la connaissance du monde. Aussi ce parcours que vous nous proposez va-t-il
une fois encore nous permettre de mieux connaître les centres culturels et instituts culturels
étrangers à Paris et de découvrir les multiples facettes des diverses cultures qu’ils
représentent.

Je tiens à saluer ici le travail accompli par le Forum des instituts culturels étrangers à Paris
qui, fort du succès des deux années précédentes, a organisé une nouvelle édition de plus
grande ampleur encore. Je suis heureux que le Ministère de la Culture et de la
Communication soit associé à cet événement.

Cette Semaine des cultures étrangères, vous avez choisi de la décliner sous le thème de
l’étranger dans la ville. L’étranger, les étrangers, c’est vous, représentants de tous ces pays
que je suis heureux d’accueillir ici. La ville, comme l’a dit l’historien Emile Temine, c’est par
excellence le lieu où l’on vient d’ailleurs.

Grâce à votre initiative, les Parisiens, les Parisiennes sont incités à sortir à votre rencontre,
et vous leur donnez rendez-vous autour d’un art venu d’ailleurs, représenté dans toute sa
diversité d’expression. Ils vont pouvoir s’émerveiller, rêver, voyager, et porter un regard
différent sur l’autre, cet étranger si loin mais si étrangement proche. Ils vont ainsi découvrir
l’art dans toute sa diversité d’expression, de la culture traditionnelle à la culture
contemporaine, l’art exprimé à travers de multiples identités, du Mexique à la Chine, de
Sanaa (Yémen) à Helsinki. Ce thème de l’étranger dans la ville nous est cher car il est au
coeur des préoccupations de l’Etat. Face à une tentation communautariste fondée sur le repli
identitaire, il est nécessaire de réaffirmer la richesse de l’apport des différentes composantes
de notre société. La France est à la fois une terre d’immigration et le pays des droits de
l’homme. Elle considère donc comme des valeurs fondamentales la tolérance et la
reconnaissance de la diversité culturelle.

C’est pourquoi je suis naturellement attaché à soutenir les cultures étrangères en
France et à défendre la diversité culturelle sur la scène internationale.

Le soutien des cultures étrangères en France passe d’abord par l’aide à de nombreux
projets et événements culturels internationaux.

La présence à mes côtés de Gilberto Gil, Ministre brésilien de la Culture, me fournit
l’excellente occasion d’évoquer la saison culturelle du Brésil, baptisée « Brésil, Brésils », qui
sera organisée à Paris et en région, de mars à décembre 2005. Cette saison du Brésil, dont
le mot d'ordre sera « diversité et modernité », mobilisera les secteurs publics et privés de
nos deux pays et permettra de mieux faire connaître la vitalité et la richesse des cultures du
Brésil.

Les Français apprécient tout particulièrement les manifestations des cultures étrangères, et
font souvent preuve d’enthousiasme quand elles viennent à eux. J’aurai ainsi la grande joie
de participer ce soir au Palais de la Découverte à l’inauguration de la Quinzaine culturelle
islandaise, « Islande, de glace et de feu », prévue en France du 27 septembre au 10 octobre
prochain.

Cependant, le soutien aux cultures étrangères passe également par l’accueil des artistes et
des professionnels de la culture.

L’ouverture aux créateurs du monde entier est l’une des qualités les plus constantes de la
culture française. L’un des facteurs principaux du dynamisme et du rayonnement de la
culture française, c’est précisément la présence de quelque 25 000 artistes et professionnels
de la culture, de nationalité étrangère, qui viennent travailler aujourd’hui dans notre pays.

Ces artistes et ces professionnels nous apportent partage et enrichissement ; ils sont pour
nous de merveilleux révélateurs, parce que « les yeux de l’étranger voient plus clair »,
comme le dit Charles Reade dans « The Cloister and the Hearth ».

Cette tradition vivace de « xénophilie » reflète exactement notre conception de l’ouverture à
l’altérité et de la promotion de la diversité culturelle. Cette conception, si fortement ancrée
dans notre histoire, et constitutive de notre patrimoine artistique et culturel, trouve
aujourd’hui une pertinence et une force particulières. Il nous appartient dès lors de la
réaffirmer, de la renforcer et de la promouvoir, tant au niveau européen qu’international.

Pour cette raison, la promotion de la diversité culturelle guidant l’action internationale de ce
ministère, notre dispositif d’incitation et d’accueil des artistes et professionnels étrangers en
France a été largement conforté.

Deux séries d’actions prioritaires visent d’une part à améliorer les conditions d’accueil et
d’exercice en France des artistes et des professionnels étrangers, d’autre part, à accroître et
mieux faire connaître notre offre de formation des professionnels étrangers.

Nos établissements publics accueillent désormais des professionnels de la culture étrangers
pour des stages de longue durée. La présence des artistes étrangers dans les centres
culturels de rencontre a été renforcée.

Enfin, je voudrais tout particulièrement insister sur la promotion de la diversité culturelle sur
la scène internationale.

La Semaine des cultures étrangères fait suite, de façon tout à fait symbolique, à la semaine
durant laquelle les experts gouvernementaux ont débattu à l’UNESCO de l’avant-projet de
convention internationale « sur la protection de la diversité des contenus culturels et des
expressions artistiques ». Il s’agissait là de la première étape de la négociation. Près de 600
délégués représentant plus de 130 pays ont fait le déplacement à Paris pour participer à
cette réunion et signifier ainsi l’importance et l’urgence d’une telle convention. Un tel taux de
participation est historique.

Il m’a été rapporté que la majorité des Etats membres ont reconnu la qualité du travail réalisé
par les experts indépendants en qualifiant leur avant-projet d’excellente base de départ. De
ce premier échange de vue gouvernemental s’est dégagé un consensus général sur la
nécessité :

– de mieux promouvoir et protéger les expressions culturelles,

– de reconnaître la spécificité des biens et services culturels qui, « parce qu’ils sont porteurs
d’identités, de valeurs et de sens, ne doivent pas être considérés comme des marchandises
ou des biens de consommation comme les autres »,

– enfin de reconnaître le droit souverain des Etats de mener des politiques culturelles.

Je sais que les débats ont été riches et je partage l’avis de nombreuses délégations qui se
sont exprimées pour rappeler la primauté des Droits de l’homme. En effet en aucun cas la
promotion des cultures nationales ne saurait justifier une atteinte aux droits et libertés
fondamentales.

Cette convention en introduisant la richesse des cultures dans l’ordre juridique international
participe du progrès de ces valeurs universelles. Pour qu’elle devienne vraiment cet
instrument efficace que nous appelons de nos voeux cette convention ne doit pas se
contenter d’ajouter une déclaration de plus sur la diversité culturelle mais doit créer un texte
normatif fondateur du dialogue des cultures.

Je me félicite que cet instrument soit élaboré à l’UNESCO, seule organisation des Nations
Unies à avoir un mandat culturel. C’est une garantie de l’universalité de la convention.

La négociation se poursuivra l’année prochaine et devrait se conclure, nous le souhaitons
tous, par l’adoption de cette convention à la prochaine Conférence générale de l’UNESCO, à
l’automne 2005.

L’enjeu est fondamental. C’est pourquoi je serais heureux que vous, Mesdames et
Messieurs, chers amis, puissiez continuer de témoigner concrètement de l’importance de la
diversité culturelle auprès de vos publics.

La Semaine des cultures étrangères à Paris est par essence une grande fête de la diversité
culturelle. Je remercie très sincèrement le FICEP pour son initiative et lui souhaite le meilleur
succès pour cette troisième édition.

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