Hommage de Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication, à Henri Troya
Avec Henri Troyat, disparaît un écrivain immensément populaire dont le seul nom déjà évoque tout le parfum de la Russie, sa terre natale et son intarissable source d’inspiration. Pierre Ier, Alexandre III, Nicolas II,… ses biographies somptueuses qui se lisent comme de purs romans ont jeté un pont entre la France et la Russie, entre la littérature et l’Histoire, changeant le regard de générations de lecteurs séduits par son style et la richesse de ses récits.
Il était en quelque sorte le doyen des lettres françaises, à double titre. Plus ancien lauréat du Prix Goncourt obtenu à l’âge de 27 ans en 1938 pour « L’Araigne », mais aussi plus ancien membre de l’Académie française où il avait été élu en 1959. Enfant de l’exil puis de l’émigration, la terreur bolchévique lui avait fait choisir la France et la langue française pour terre d’accueil. Son oeuvre monumentale, presque à l’image du géant qu’il était, ne s’est pas tarie au fil du temps. En 2006, il nous donnait encore « La traque ».
Grand écrivain d’histoire mais aussi de fiction, explorant tout le territoire romanesque et les ressorts psychologiques, il s’inscrit dans une grande tradition littéraire au carrefour de la France et de la Russie. Célébrant la rencontre entre Tchékhov et Maupassant, Pouchkine et Verlaine, Dostoïevski et Baudelaire, Tolstoï et Balzac, son oeuvre scelle l’alliance entre deux grandes littératures mondiales. Grâce à lui, le roman russe est devenu un peu français.
Paris, le 5 mars 2007