Dévoilement de la maquette Temple du ciel – Domaine national du château de Chambord
Madame, chère Chan Laiwa [Tchann Laïwa],
Monsieur l’Ambassadeur de Chine, cher Zhao Jinjun [Djao Djinn Djunn],
Monsieur le Président du Conseil général, Cher Maurice Leroy,
Monsieur le Député, cher Patrice Martin-Lalande,
Monsieur le Maire de Chambord, cher André Joly,
Monsieur le Maire de Mont-près-Chambord et Président de la commmunauté
de communes du Pays de Chambord, cher Gilles Clément,
Monsieur le secrétaire général, cher Yvan Cordier,
Monsieur le Directeur général du Domaine National de Chambord, cher
Philippe Martel,
Monsieur le Conservateur en chef des Monuments Historiques en région
Centre, cher Jean-Pierre Blin,
Monsieur le chef du service départemental de l’architecture et du patrimoine,
cher Jean-Lucien Guenoun,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
C’est pour moi un honneur, Madame, de vous accueillir aujourd’hui à
Chambord, l’un des hauts lieux du patrimoine mondial. Un honneur car je sais
à quel point le Président de la République est sensible au don exceptionnel
que vous faites aujourd’hui à la France avec la superbe maquette en bois de
santal que nous venons de dévoiler ensemble. Un honneur car vous êtes l’une
des personnalités les plus marquantes de votre pays qui est, pour reprendre le
mot du Général de Gaulle « Un Etat plus vieux que l’histoire ». Un honneur
parce que votre parcours atypique vous a conduit à vous intéresser à de
multiples sujets. Femme d’affaires, vous avez créé le Groupe FU WAH dont les
activités touchent aussi bien à l’immobilier qu’à l’hôtellerie, aux relations
publiques et à l’univers du luxe. Dans chacun de ces domaines, vous avez
atteint l’excellence.
Mais ce sur quoi je souhaite aujourd’hui mettre l’accent, ce sont, bien sûr, vos
actions en matière culturelle. Spécialiste internationalement reconnue en art
chinois, vous donnez régulièrement des conférences à travers le monde.
Généreuse mécène, vous aidez de jeunes artistes et des artisans de haut vol.
En 1999, à l’occasion du 50e anniversaire de la République populaire de
Chine, vous avez ouvert le Musée du bois de santal à Pékin. Vous l’avez doté
d’une exceptionnelle collection, composée d’un millier de meubles et d’objets
façonnés dans ce bois très précieux. Votre ouverture sur le monde vous a
décidé à faire connaître à l’étranger ce que l’on surnomme en Chine le « bois
des Rois ». Vous vouliez aussi faire découvrir l’architecture chinoise. C’est
ainsi que vous avez fait réaliser des maquettes monumentales des sites
architecturaux les plus célèbres de votre pays et que vous en avez fait don à
des institutions culturelles aussi prestigieuses que le British Museum, le
Smithsonian Institute, le Musée de Dresde, le Musée de la Cité interdite et le
Musée national de Kyushu. Chambord est aujourd’hui le sixième lieu à
bénéficier de votre générosité.
Certains sans doute s’interrogent. Pourquoi, Madame, avoir choisi Chambord
pour faire don de cette exceptionnelle maquette ? Quel rapport entre un château
Renaissance et un temple chinois ? Pourquoi, comme lors de vos précédents
mécénats, ne pas avoir choisi un musée ? Les questions abondent, et pourtant
votre décision est d’une logique évidente et vous pouvez être certaine d’avoir fait
le meilleur choix.
Chambord, rêve d’un Roi de 20 ans, est le monument le plus emblématique de la
Renaissance en Europe. Et la Renaissance, ce n’est pas seulement l’ouverture
de fenêtres dans des châteaux principalement faits auparavant pour se protéger ;
ce n’est pas seulement un certain art de vivre. La Renaissance, c’est d’abord un
moment privilégié d’ouverture à la culture des autres. La Renaissance, c’est
François Ier revenant d’Italie entouré d’artistes et d’architectes. C’est ce même
Roi achetant de la porcelaine chinoise.
Dans le monde d’aujourd’hui, rien ne me
semble plus important que de faire connaître et comprendre à chacun la culture,
les traditions et la manière de percevoir le monde de l’autre. Votre geste,
Madame, y contribue et la présentation de la maquette du Temple du ciel à
Chambord symbolisera la rencontre de deux formes inégalées d’excellence
architecturale du XVIe siècle. Je ne doute pas que cet évènement marquera un
nouveau jalon des échanges culturel entre nos deux grandes nations. Il s’inscrit
aussi dans la droite ligne du succès de l’Année de la Chine en France et de
l’Année de la France en Chine.
Permettez-moi de relever un faisceau de similitudes entre le Temple du ciel et
Chambord :
– les deux monuments ont été édifiés à la même époque ;
– ils ont également en commun d’être inscrits sur la prestigieuse liste du
Patrimoine mondial de l’UNESCO ;
– tous deux rendent compte d’une conception comparable de la relation directe
entre le souverain, Roi ou Empereur, et les puissances divines, entre l’homme et
la nature, entre la culture et le cosmos.
A objet exceptionnel, il fallait trouver un lieu d’exposition hors normes.
C’est bien
le cas avec les combles de la chapelle qui accueillent désormais la maquette du
Temple du ciel. Couronnant une aile du château, ce lieu a une histoire riche en
rebondissements. Commencés assez tôt sous Louis XIV, il devait abriter
plusieurs appartements, mais les travaux ne furent jamais menés à bien. Cela
explique la présence de cheminées et de murs inachevés. La charpente est l’une
des plus impressionnants du monument. Elle est composée de grandes poutres
de plus de 15 mètres de long, qui donnent à l’ensemble l’allure d’une coque de
bateau inversée. Aujourd’hui, l’association du chêne d’origine et du bois de santal
contribue à magnifier cette salle étonnante.
L’installation de la maquette du Temple du ciel à Chambord se fait sous les
meilleurs auspices. La Chine a célébré le Nouvel an il y a quelques jours et 2007
est un millésime bien particulier. La tradition chinoise veut que les enfants nés
cette soient bénis des cieux. Ils seront courageux, forts, intelligents, et riches et
honnêtes Je forme le voeu qu’il en aille de même pour ce qui vient de naître
aujourd’hui à Chambord : une collaboration entre un monument mondialement
connu et une entreprise de dimension internationale, la rencontre et l’échange
fécond de deux volontés et d’un même rayonnement, fondé sur la culture.
Cet évènement franco-chinois s’inscrit dans une série d’actions menées depuis
trois ans par Chambord à destination de la Chine. Plus de 2 millions de
personnes visitent le domaine national chaque année. 70 % sont des étrangers.
Conscient de l’essor considérable du tourisme chinois en Europe, Chambord
s’est engagé dans une politique visant à être reconnu comme l’un des lieux que
tout voyageur en France doit découvrir. C’est ainsi que Chambord a participé en
septembre 2005 aux cérémonies de clôture des Années Croisées France-Chine,
en envoyant notamment ses fameux sonneurs de trompe jouer sur la Grande
Muraille. De même, le domaine participera dans le cadre du Festival «
Croisements » à l’exposition « Vie et Châteaux » qui se déroulera en mai
prochain à Beijing chez Madame Zhang [Djang] dont je salue aujourd’hui la
présence.
Le public de Chambord ne sera pas le seul à bénéficier de votre geste.
Dès
l’année prochaine, la maquette du Temple du ciel sera exposée durant plusieurs
mois, à la Cité de l’architecture et du patrimoine, que j’inaugurerai prochainement
à Paris. La Cité organise en effet en 2008 une grande exposition rétrospective
sur l’architecture chinoise. Votre maquette en sera l’un des joyaux et je me
réjouis que le public parisien puisse ainsi l’admirer.
Je tiens à remercier particulièrement Monsieur Jean-François Jarrige, Président
et Monsieur Jean-Paul Desroches, Conservateur général du Musée des arts
asiatiques – Guimet grâce auxquels une exposition d’objets chinois de qualité
exceptionnelle relatifs au Temple du Ciel est présentée aujourd’hui à Chambord.
Je tiens également à remercier la Compagnie française de l’Orient et de la Chine
et Gérard Dautresme. Mécène de cette inauguration, la compagnie a été créée
par le regretté François Dautresme disparu il y a cinq ans. François Dautresme
fait partie des Français qui ont contribué de manière décisive à faire connaître la
culture et l’artisanat chinois dans notre pays. Sillonnant inlassablement la Chine à
partir de 1963, il repérait, grâce à son oeil infaillible, la beauté simple des objets
usuels.
Sa collection exceptionnelle, que vous verrez, Madame, lundi prochain, est un
véritable poème dédié à la Chine qu’il aimait passionnément. Il aurait aimé être
des nôtres aujourd’hui. Nous regrettons son absence.
Je tiens enfin à remercier Olivier Mellerio, qui a largement contribué à
l’organisation du séjour en France de Madame avec le Comité Colbert. Il ne peut
s’agir d’une simple coïncidence lorsque l’on sait les liens entre les Mellerio et
Chambord. En 1515, au moment où Chambord émerge des marais, vos aïeux,
orfèvres joailliers venus d’Italie, s’engagent sur les routes de la Renaissance à la
suite des artistes qui sillonnent l’Europe, attirés par cet incroyable éveil à l’autre
qui caractérise l’époque. Joailliers des Reines, les Mellerio se transmettent,
depuis 15 générations, savoir-faire et gestes ancestraux, perpétuant ainsi la plus
ancienne entreprise familiale d’Europe.
Vive Chambord ! Vive le Temple du Ciel !
Vive l’amitié Franco-chinoise !