Hommage de Renaud Donnedieu de Vabres, à Luigi Comencini
Avec Luigi Comencini, un fidèle ami de la France, disparaît un merveilleux cinéaste, un grand artiste qui se voyait comme un simple « artisan qui donne à rêver » mais dont chaque film résonne comme un cri d’humanité.
« L’incompris », « Cuore », « Casanova, un adolescent à Venise » qui relate sa propre enfance, sont autant de chefs d’oeuvre d’émotion et de lucidité sur l’enfance, un univers de prédilection qu’il nimbait de nostalgie et de désillusion.
Cinéaste et homme de l’image complet, tour à tour photographe des petites gens, critique de cinéma, assistant-réalisateur, initiateur de l’actuelle Cinémathèque de Milan, il était entré dans la carrière par le court-métrage avec une vocation artistique et sociale fermement liée. Son oeuvre engagée est de celles qui éclosent tardivement mais qui ensuite, ont une carrière et une influence majeures.
Drames ou comédies douces-amères, un genre dont il a le secret, ses films disent les souffrances de l’Italie incarnée par les plus grands acteurs : Claudia Cardinale dans « La Storia », Michel Serraut et Virna Lisi dans « Joyeux Noël, Bonne année », Bette Davis et Alberto Sordi dans « L’argent de la vieille ».
Depuis la trilogie rurale « Pain, amour et fantaisie » qui a imposé son nom en 1953 jusqu’au « Grand embouteillage », les spectateurs français ont appris à aimer son ton de vérité corrosif et tendre, magnifiquement contrasté, qui est celui de la vie même.
Paris, le 6 avril 2007