Remise de la médaille de Grand mécène du ministère de la culture et de la communication à la Fondation La Poste, représentée par son président Jean-Paul Bailly
Monsieur le Président, Cher Jean-Paul Bailly,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec un très grand plaisir que je vous accueille aujourd'hui rue de
Valois, dans ses salons qui sont aussi les vôtres puisqu'ils sont ceux de
tous les amoureux des arts et de notre culture. Et comment mieux
préserver et faire vivre cette culture qu'en choisissant l'écriture et la langue,
expressions sans cesse en devenir des valeurs de notre identité culturelle.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la fondation La Poste s'en est fait
l'ardent messager…Elles plongent, en fait, aux racines même de son métier
!
Depuis sa création en août 1995, la fondation d'entreprise La Poste a mené
de multiples actions toutes ciblées sur l'écriture : éditions de
correspondances, soutien aux festivals de littérature, prix de fictions
contemporaines, concours d'écriture, lectures-spectacles, expositions,
combat contre l'illétrisme….. et j'en passe ! En douze années d'existence,
elle est devenue un acteur incontournable de l'essor culturel francophone,
de l'éclosion de jeunes talents littéraires, et de la redécouverte d'oeuvres
tombées dans l'oubli, mais aussi de l'engagement en faveur des exclus de
l'écriture….
La mise en oeuvre d'une politique originale autour de l'expression écrite,
s'intéressant spécifiquement à l'écriture épistolaire, a encouragé l'édition de
correspondances d'écrivains, d'artistes, de penseurs, de personnages
historiques, ou même d'inconnus, avec le double souci de la qualité de la
publication et de l'intérêt pour le lecteur, y compris le grand public.
Il faut également souligner l'originalité de sa démarche quand elle choisit la
confrontation avec d'autres expressions artistiques, comme la peinture ou
la musique.
Je note aussi son soutien à la chanson française, à la création d'un prix
littéraire WEPLER-Fondation La Poste qui distingue des ouvrages de
langue française se signalant par l'audace de l'écriture et du prix Sévigné
qui récompense la publication d’un ouvrage de correspondance.
Cet engagement original et courageux, je le salue tout spécialement, car à
l'heure de l'internet, de la TNT, de l'engouement pour toutes les nouvelles
technologies et le numérique, il a fallu beaucoup de détermination et
d'opiniâtreté pour soutenir des manifestations qui pouvaient sembler
réservées à une certaine élite et en faire des rendez-vous populaires et de
grande qualité. Il suffit de citer le Printemps des Poètes, qui a fêté cette
année sa 9é édition, les soirées lecture, dans le cadre des festivals
Pierres vivantes de Bourgogne, Marathon des Mots de Toulouse et les
soirées au musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme etc…, les concours de
correspondance – notamment les Sévignales à Vitré . Enfin, les lectures
de correspondances comme le Festival de la Correspondance à Grignan
ou les Cafés Littéraires à Montélimar.
Je me réjouis profondément de ce foisonnement d'initiatives destinées à
promouvoir des manifestations artistiques qui rendent leur actualité à la
lettre et à l'écriture, les mettent sous le feu de l'actualité et font prendre
conscience à nos concitoyens de l'importance de l'enjeu à les maintenir
vivantes, à donner envie aux jeunes générations de se les approprier.
En
effet, partager la même culture, utiliser les mêmes mots rassemble, unit,
fédère ; cela ouvre des horizons, détruit des barrières, exprime la
différence et le respect : c'est un thème, je le sais, qui nous tient tous à
coeur.
Les responsabilités de l'Etat dans le domaine culturel sont essentielles et
relèvent d'une mission régalienne que j'assume et que je défends. Pour
autant, le monde de la culture et de la communication puise son
dynamisme, sa créativité, sa vitalité dans ce vaste engagement de toute la
société qui est une chance, une ouverture, une perspective d'avenir. Il n'y
a pas d'un côté le monde de la culture et de la communication et de l'autre
le monde de l'entreprise. Ces deux mondes ne sont pas clos. Et quand ils
se rencontrent, ils collaborent sur des projets essentiels, nous en avons
une nouvelle preuve aujourd'hui.
La culture est création et la création s'appuie toujours sur une tradition,
sur un savoir, sur des valeurs : comment utiliser la langue, l'écriture si on
ne les connaît – ou ne les reconnaît plus ? La culture est échange :
comment échanger, si on ne se comprend plus ?
J'en arrive au second volet des engagements de la fondation que vous
représentez, Cher Jean-Paul Bailly : l'engagement en faveur des exclus
de l'écriture.
Grâce à la politique très déterminée que vous menez contre l'exclusion et
en faveur des plus démunis culturellement, le soutien de projets et
d'associations tels que « Ensemble contre l'exclusion » – en partenariat
avec ATD Quart-Monde et la Cité des Sciences et de l'Industrie de la
Villette, Kaléidoscope en partenariat avec l'Opéra de Lyon , Plaisir
d'Ecrire dans le cadre d'Alsace 2007 et Planète Urgence Education pour
tous en Afrique, ont pu voir le jour et je vous en félicite.
Ces magnifiques projets impliquant de grands établissements culturels,
associations de terrain et fondation d'une grande entreprise sont
l'illustration parfaite du mécénat croisé qui se révèle plein de promesses et
d'avenir.
En effet, la promotion de notre culture française ne prend tout son sens
que lorsqu'elle est véhicule, lien, partage à tous les niveaux de notre
société : elle est le plus sûr facteur d'intégration, elle est le lien social par
excellence.
Le troisième volet des activités de la Fondation, et non le moins original,
est celui qui vise à encourager les jeunes talents de la chanson française
qui associent texte et musique ; parmi les associations soutenues, on peut
citer : Voix du Sud – Fondation La Poste, Rencontres d'Astaffort, Tournée
d'Aquitaine, Festival Nuits de Champagne à Troyes, soutien à l'Académie
Européenne de Musique au Festival d'Aix-en-Provence, Festival Jacques
Brel à Vesoul, les Francofolies de La Rochelle, etc….On peut mesurer
l'importance de votre engagement à travers tous ces noms, dont certains
marquent des étapes incontournables de la France des Festivals….et il
faut également noter la création du Centre des Ecritures de la chanson
française.
C'est donc vous dire la joie que j'ai de pouvoir témoigner publiquement, à
l'occasion de cette cérémonie, toute ma reconnaissance à la Fondation La
Poste, et en particulier à vous-même, Cher Jean-Paul Bailly, qui la
présidez et qui illustrez de façon exemplaire, cet engagement pérenne et
déterminé au service de notre patrimoine linguistique, de l'intérêt général
et de la solidarité.
Votre groupe compte à l'évidence parmi les grands mécènes dont la
France a besoin pour faire partager son exceptionnelle richesse culturelle
et historique, en assurer la continuité, mais aussi l'enrichissement et le
dynamisme.
Ce patrimoine, que nos ancêtres nous ont légué, et que nous léguerons
aux générations suivantes, ce patrimoine qui fait notre richesse et notre
fierté parce qu'il est au fondement de notre identité, vous avez pris la
mesure de son importance comme facteur de la cohésion nationale car il
représente nos racines, notre dénominateur commun.
Enfin, quelle belle liaison avec votre métier : donner aux uns et aux autres
la possibilité de communiquer, de transmettre, de créer des ponts, des
passerelles par la lettre, l'écrit.
Au coeur des mutations et des transformations qui propulse votre groupe à
la pointe de la modernité, vous démontrez brillamment qu'ambition et
modernisation vont de pair avec la transmission de la tradition mais aussi
le souci du dynamisme de notre langue et de notre littérature.
C'est pourquoi, je suis très heureux de vous distinguer ce soir, en
considération de la politique originale que vous menez en faveur du
rayonnement de la langue française sur notre territoire et à l'étranger.
Cher Jean-Paul Bailly, au nom de la République, nous vous remettons la
médaille de Grand Mécène du Ministère de la Culture et de la
Communication.