Au Théâtre de la Ville à Paris, comme « avant » …
« Vollmond », la création de Pina Bausch, où corps, eau et lumière façonnent une magistrale ferveur chorégraphique.
Faire d’un simple geste un travail génial, d’une éclaboussure une sculpture éphémère, d’une symphonie des corps la révélation de la solitude, tels sont quelques aspects de la force de la grande dame de Wuppertal, toujours aussi impériale et magnifique.
Je vous regarde heureuse, parfois chaleureuse, parfois étonnée de me revoir. D’affronter. De vivre la danse. Comme avant.
Avant ces 38 mois où ma présence pouvait paraître suspecte, professionnelle et non personnellement passionnée ! Alors qu’elle l’était.
Comment ne pas se souvenir dans ce lieu du « travail » de Jean Fabre sur les maux urinaires du corps humain qui avait fait scandale par sa gratuité stérile ?
Je n’avais pas applaudi. Une journaliste présente avait écrit : « il est resté impassible ». Certains ont compris complice. D’autres censeur.
Plusieurs mois après, le débat a resurgi dans la campagne sur un marché de Tours où le reproche m’a été fait d’avoir cautionné un spectacle « dégradant »…
A Avignon, j’avais été fier d’apparaître comme le défenseur de la création et de l’indépendance artistique.
Ce qui n’enlève pas le droit d’aimer. De saluer. Avec fougue.
Merci, Pina Bausch !