La croissance par la culture et la création !
13 novembre 2011Jamais la crainte de perte d’influence, de récession, de délocalisation, de déclin n’a été aussi forte.
Jamais n’ont été ressenties avec autant d’appréhension notre nouvelle dépendance vis-à-vis des pays émergents devenus maîtres du monde et notre incapacité à trouver en nous-mêmes les clés du rebond.
Les différentes étapes de la crise financière, qui marque la nécessité d’une régulation politique audacieuse et responsable, sont un appel à la redéfinition de nos vrais atouts et de nos forces potentielles.
N’oublions pas que les responsabilités ne sont pas à rechercher dans les seuls dysfonctionnements des systèmes bancaires et financiers, mais dans la myopie du report permanent des choix stratégiques forcément douloureux, ou tout simplement novateurs.
Demain, est tellement plus doux qu’aujourd’hui, dès lors qu’il est possible d’ajourner l’épreuve de vérité….
Au-delà des disciplines nécessaires pour que s’enclenche une dynamique vertueuse de confiance et de croissance, il nous faut rechercher nos priorités stratégiques et les points d’appui solide sur lesquels bâtir une relance durable de notre économie. En ouvrant les yeux sur nos vraies chances, que nous sous-estimons parfois par défaut de lucidité, ou par une conception erronée et périmée des ressors que nous possédons.
Quand on parle de recherche, on dit que c’est un investissement, quand on cite la culture, c’est pour aussitôt évoquer une dépense ….
Tout est ainsi stigmatisé : l’important est désigné, le culturel catalogué lui comme secondaire, sympathique mais finalement marginal. Presque condamné sans appel.
Bâtir sur l’intelligence et le futur notre renaissance est évidemment stratégique et vital. Mais sans attendre, mesurons davantage l’étendue de nos atouts et surtout ayons à cœur de les valoriser avec audace. Sans en oublier aucun.
La France est fière d’un patrimoine exceptionnel, de racines emblématiques prestigieuses, de lieux magiques souvent abandonnés ou insuffisamment restaurés et valorisés.
Alors faisons de chaque espace historique une chance, un projet, un accueil. Une effervescence. Une pépinière de créateurs. Un vrai laboratoire de recherche et d’innovation.
Ouvrons à nos talents et à tous ceux venus des 5 continents, qui restent fascinés par notre « vieux » pays et par la civilisation européenne, nos châteaux et nos musées, nos palais et nos universités, nos lieux anciens et nos quartiers rénovés.
Soyons le rendez-vous de la création, de l’imagination de la fièvre et du futur. Cela entraînera une dynamique et une attractivité revigorantes. Cela génèrera un marché, des chances, des emplois.
Faisons éclore des bourses de projets, des lieux de rencontres entre mécènes et artistes, entre collectionneurs et artisans. Entre concepteurs et producteurs. Entre « vieux sages » et nouveaux talents.
Créons des places de marché vivantes et ouvertes pour l’art, le design, le numérique, les métiers d’art, le cinéma, la musique, l’univers des jeux vidéo. Toutes les industries culturelles sont des opportunités prometteuses. Les univers de l’image, du son, de l’écrit, du virtuel sont de très puissantes sources d’activités, dont la croissance est durablement exponentielle.
Affectons de nombreuses ailes désaffectées de nos monuments aux start-up les plus performantes pour que la France soit la terre d’accueil de la pointe de l’intelligence numérique, un pont vivant entre l’histoire et l’avenir, avec l’exigence de la réconciliation dynamique et non la posture de l’antagonisme stérile.
Quel fantastique message offert au monde entier : un pays aux traditions enracinées et prestigieuses, ouvert à la jeunesse du monde, aux cerveaux les plus prometteurs et féconds.
Ils seront durablement nos ambassadeurs, et peut-être même demain ceux qui choisiront d’investir chez nous.
Berlin, Shanghai, Sydney, Los Angeles, Londres, New York ou Bombay constateraient progressivement et envieraient peut-être ce nouveau modèle français où culture et technologie sont la vraie promesse de l’emploi de demain
Relocalisons en France ce qui n’aurait jamais dû partir à l’étranger.
Ne dissuadons pas les investisseurs internationaux amoureux du beau, de l’unique, du rare, de l’exceptionnel, en ayant peur de notre ombre, en nous réfugiant dans un conservatisme aussi douillet que suicidaire.
Redevenons le pays de référence, où l’esprit de création, la liberté d’imaginer, le goût de réaliser et d’entreprendre sont des maximes et des blasons.
Cette ouverture à l’autre, au nouveau, au différent n’est d’aucune manière sacrilège. Ce n’est pas un déni de respect de l’histoire. C’est le contraire. C’est réaffirmer notre vocation de transmetteur d’énergie, d’éclaireur, de penseur. D’amoureux de l’excellence, de l’exigence.
L’alliance de l’imagination et du savoir faire est un horizon beaucoup plus puissant qu’il n’y parait. L’industrie du luxe ne se trompe pas lorsqu’elle met sous les projecteurs les qualités exceptionnelles des artisans d’art, qui sont un honneur et une richesse.
Notre pays ne doit pas être perçu exclusivement comme celui des musées, aussi prestigieux soient-ils, mais comme le creuset vivant et électrique de toutes les créations.
Les encombrements permanents aux abords du Grand Palais traduisent concrètement cette vision féconde.
Pourquoi ne pas faire de l’effervescence la règle et non l’exceptionnel.
Devenons le pays du « oui, bien sûr » à tout bon porteur de projet, au lieu d’être celui du laissez-moi tranquille, du non frileux, de l’impossible érigé en précaution stérile.
Pourquoi ne pas assumer d’être le rendez-vous de la création en sachant véritablement accueillir tous les jeunes étudiants, chercheurs et artistes étrangers qui ne resteront pas longtemps fascinés par notre pays, si leur est opposée une fausse analyse de nos intérêts ?
Imaginons un plan national de valorisation de notre patrimoine bien au-delà de ce qui est aujourd’hui prévu, en permettant partout des partenariats féconds entre le public et le privé, sans qu’il soit question de vendre nos trésors, afin au contraire d’en rechercher l’attractivité et la renommée maximales.
Ouvrons davantage nos hauts lieux culturels, qu’ils soient immenses ou très petits en réfléchissant à des solutions concrètes pour les personnels concernés, afin qu’ils puissent accueillir de nombreuses initiatives nouvelles, créatrices de valeurs et de sens. Même parfois la nuit! Même toute l’année!
Soyons le rendez-vous mondial emblématique des artistes, des créateurs, des artisans, des chercheurs, des jeunes entrepreneurs. Nous serons alors la destination incontournable de tous ceux qui refusent les excès de la standardisation, du nivellement, de la banalisation liés à la mondialisation.
La culture, l’art, l’exceptionnel, le beau, le vivant, l’électrique, le passionné, l’exigeant, l’inventif, le rare sont nos leviers de croissance. Beaucoup plus pérennes et puissants que nous le croyons. Infiniment plus durables et enrichissants que certains de nos fleurons économiques en perte de vitesse.
Le 1% culturel, ce n’est plus le pourcentage du budget de l’Etat à atteindre ou à dépasser, c’est le surcroît de croissance à attendre d’une telle stratégie.
Alors osons la culture, non comme une nostalgie, mais comme une vision pour sortir de la crise !