Les uniformes de la fraternité
Sortir de la spirale de la haine, de la terreur et de la violence contraint chacun à une remise en cause fondamentale. La lucidité tragique conduit non seulement à réaliser que les attentats ne sont pas une éclipse de la conscience, mais une longue affirmation identitaire à laquelle nous devons répondre fortement ; elle oblige également à admettre que les frontières entre la violence extrême, l’intégrisme et le repli sont malheureusement poreuses et donc contagieuses.
Nos armes essentielles sont certes nos propres valeurs. Mais elles ont sérieusement besoin d’être solennellement réaffirmées, sans aucune pudeur ni complexe. Et transmises et inculquées à la jeunesse de France avec enthousiasme et même orgueil. Nous le devons à la mémoire des victimes innocentes de tous les attentats si nous voulons faire un authentique deuil national.
Reconnaître et méditer sur le fait que les terroristes sont parfois nos concitoyens et pas uniquement des fanatiques étrangers ou apatrides renforcent l’urgence et la nécessité de l’action sur notre sol.
Le respect dû à chacun dans notre pays a pour corollaire que les règles communes de la cité et de la République doivent être enseignées, vécues dès le plus jeune âge, et appliquées avec force.
L’hymne à la liberté, qui est notre étendard flamboyant, passe par l’apprentissage de l’autorité dans l’éducation, à l’école, dans la rue, dans la famille. Sans exception. Sans tolérance. Sans alibi possible pour le récuser. C’est le passeport de nos valeurs. Le visa de nos libertés.
La vraie fraternité, c’est l’égalité absolue sans distinction d’origine, de religion, de couleur de peau, de tradition, de richesse. La pratiquer, c’est instituer jusqu’au collège l’uniforme pour tous, garçons et filles. Cela ne gommera aucune personnalité en devenir, ni ne brisera aucune conscience, mais créera des liens, des ponts, des ressemblances, des complicités qui contrasteront avec les antagonismes venimeux et les dérives inquiétantes des temps actuels. Paradoxalement cela renforcera l’arc-en-ciel du genre humain, respecté dans sa diversité mais uni par son essence intrinsèque. Cette contrainte éducative ne souffrira d’aucune exception, car loin d’être une discrimination vis-à-vis de quiconque, son universalité la célèbrera comme une discipline humaniste, portant haut la valeur de l’égalité.
Dans le même esprit, la question du rétablissement du service national se pose. Il ne s’agit pas exclusivement de constituer une authentique « garde nationale » avec la jeunesse de France dans son absolue intégralité, mais de démarrer la vie d’adulte par un effort collectif et une contrainte citoyenne féconde.
Quitter sa famille, son immeuble, son quartier, sa solitude parfois, ses propres certitudes, et découvrir d’autres horizons, d’autres personnes, d’autres cultures, d’autres réalités, en faisant œuvre utile pour « son » pays fabriquera de véritables citoyens. Cela mettra un terme aux antagonismes nés de l’ignorance et de l’anathème.
De bons esprits s’y opposeront en raison de toutes sortes de difficultés financières, pratiques, opérationnelles. La démagogie n’en sera pas exempte. Ils porteront la responsabilité, s’ils sont entendus et écoutés, de refuser d’enrayer la mauvaise spirale de notre pays, qui faute de réponses appropriées sombrera alors dans le repli contraire à nos valeurs.
Porter l’uniforme au collège ou dans la garde nationale citoyenne, c’est retrouver le chemin d’une fierté véritablement partagée : celle de la beauté du genre humain lorsqu’il est éduqué et riche d’une diversité d’autant plus assumée et célébrée qu’elle est fondée sur des valeurs communes respectées.
Liberté, Egalité, Fraternité ! Ce sera alors à nouveau notre devise nationale vivante et réelle.
20 novembre 2015 à 16:20
Merci Renaud pour ce beau texte ! Amitié Fidèle. J-F.S. Tours