Rubrique ‘Discours 2007’

Remise des insignes de Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur à Jacques Martial

12 mars 2007

Cher Jacques Martial,

Vous êtes depuis novembre 2006 le Président de l'Etablissement Public du
Parc et de la Grande Halle de la Villette, qui est le lieu de toutes les
perspectives.

Perspectives des jardins, des pelouses et des arbres …

Perspectives surtout d'un espace culturel d'échange et de rencontre, à
l'image de ce vaste parc urbain, qui, aux lisières de Paris et de la Seine
Saint-Denis, défie la notion de périphérie.

Perspectives ouvertes par la beauté du site, mais surtout par le sens dont il
est porteur, par celui que vous lui donnez, qui suscite, vous le savez, les
plus grandes attentes.

Votre très solide parcours professionnel et artistique, mais aussi de citoyen,
de militant de l’humanisme, de l’égalité et de la diversité, m'a incité à vous
proposer de réfléchir à un projet pour ce lieu d'exception. Je l'ai fait après
avoir applaudi la très belle représentation de « Cahier d'un retour au pays
natal », dont vous faisiez la reprise en 2005 dans le off du Festival
d'Avignon. Les poèmes tirés de ce texte saisissant d’Aimé Césaire, que
vous avez interprétés avec foi et fougue, dans le jardin du Luxembourg, le
10 mai dernier, à l’occasion de la première journée nationale de
commémoration de l’abolition de l’esclavage, ont littéralement subjugué
leur auditoire, en proclamant les douleurs de l’exil, du déracinement, mais
aussi les richesses des rencontres et de la diversité.

Ce sont ces rencontres, c’est cette diversité, qui sont au coeur de votre
projet, articulé autour de la notion de « passerelles » – passerelles entre les
êtres, entre les cultures, entre la ville et la banlieue – empreinte de
générosité, et aussi de réalisme.

Vous voulez provoquer la rencontre entre le centre, l'excellence de la
culture, et les espaces d'énergie où se crée tout ce qui aura demain droit
de cité. Vos objectifs sont de favoriser le métissage culturel, de voir
comment notre société se raconte dans ses différences, à travers toutes les
formes d'expression de la culture vivante, de la musique au multimédia, et
en ancrant encore plus fortement les cultures urbaines à La Villette.

Vous êtes un témoin et un acteur de ce qui rapproche, de ce qui est
commun, de ce bien commun que nous avons en partage, au-delà des
différences.

Ce partage vous guide depuis le début de votre engagement dans votre
métier. C'est pour la défendre que vous êtes devenu un militant de la
diversité, de la différence et de sa reconnaissance.

Le goût du théâtre, véhicule de votre idéal humaniste, vous est venu dès
la très petite enfance, à 6 ou 7 ans, via le petit écran. « Les Perses »
d'Eschyle et « La Mégère apprivoisée » de Shakespeare vous
enthousiasment et font de vous, enfant de la banlieue, un enfant de la
télé, un fou de théâtre, et un amoureux de la culture.

Ce premier choc culturel vous inspire un grand respect du media
télévisuel et de son rôle au service du lien social et de la culture, ainsi que
le goût des grands textes et des grands auteurs dont vous aurez à coeur
de déchiffrer et de transmettre le message.

C'est cela aussi qui fait de vous l'homme de la transmission et un passeur
né. Les frontières vous sont inconnues. Les cothurnes, les toges, les
masques de la tragédie, la grandeur du verbe classique et la fougue
shakespearienne ont séduit l'enfant que vous étiez et inspiré l'artiste que
vous êtes devenu.

Comédien, vous avez joué Claudel, Giraudoux, Shakespeare, Marivaux,
suscité ou soutenu les entreprises les plus audacieuses, au prix d'un
véritable engagement personnel.

Au cinéma comme au théâtre, vous avez été dirigé par les meilleurs,
Samuel Fuller, Irina Brook, Jean-Pierre Salomé, Georges Wilson, Robert
Kramer…. Vous avez été particulièrement remarqué dans un « James
Bond », auprès de Roger Moore, « Moonraker », mais surtout dans le
beau film de Claire Devers, « Noir et blanc ». Vous êtes aux côtés de
Sophie Marceau et Frédéric Diefenthal dans la version
cinématographique de « Belphégor ».

Vous avez aussi connu la notoriété et le statut de vedette que peut
apporter l'un des feuilletons les plus populaires du petit écran. Vous avez
été très demandé dans le métier difficile et peu connu du doublage, où
vous êtes en particulier la voix française de Denzel Washington, et il me
semble important de souligner cet aspect de votre parcours si riche et si
ouvert, à un moment de leur histoire où les professions du spectacle
réfléchissent à la palette des expressions qui s'offrent à elles.

Pour autant, vous n'avez jamais cessé, avec une sérénité résolue, et avec
courage, de militer pour vos convictions.

Vous l'avez fait au sein du « Collectif pour l'égalité des chances », aux
côtés de Calixthe Beyala.

Puis, dans les années quatre-vingts, vous créez l'association « Rond-
Point des Cultures », qui présentent des spectacles dans de nombreux
lieux de la capitale, pour mettre en valeur non seulement les cultures de
la différence mais aussi les artistes qui les servent, tous issus des
minorités visibles.

C'est au cours de l'année 2000 que vous créez votre Compagnie, « La
Compagnie de la Comédie Noire », un intitulé pour le moins malicieux que
vous qualifiez vous-même, selon votre degré de confiance et d'intimité
avec vos interlocuteurs, – mais ici vous n’avez que des amis, – de clin d'oeil ou de … bras d'honneur…. Vous entendiez en effet manifester avec
force contre une forme de discrimination plus pernicieuse que violente,
que votre statut d'artiste vous a permis d'éprouver sous ses aspects les
plus redoutables.

Avec « La Comédie Noire », s'affirme pleinement votre vocation de
comédien engagé. Vous montez les grands auteurs que j'évoquais tout à
l'heure, de Marivaux à Claudel dont vous jouerez « L'Echange » sur la
terre de vos origines, en Guadeloupe. Vous mettez en scène « Les
Cannibales » de José Pliya au Théâtre national de Chaillot et en tournée.
Vous privilégiez aussi la voix d'Aimé Césaire, que vous faites résonner en
France et dans de nombreux pays du monde, et devant tous les publics,
y compris ceux qui ne fréquentent pas les lieux de culture, conformément
à votre engagement de toujours dans la lutte contre toutes les formes
d’exclusion. Cette voix si belle, si forte et si claire, cette pensée
profondément humaniste, je souhaite que vous puissiez continuer à la
porter, à la faire rayonner devant de nombreux publics, à faire entendre sa
parole.

Cette parole d'humanisme et d'ouverture, de tolérance et de partage
traduit certainement non seulement vos aspirations personnelles, mais
aussi le sens de votre mission au service de la culture et du public, au
service d’une diversité culturelle qui est aussi, pour vous, une diversité
sociale.

Jacques Martial, au nom du Président de la République, et en vertus des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier de la Légion
d'Honneur.

Remise des insignes de Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres à Colette Chardon

12 mars 2007

Chère Colette Chardon,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd'hui pour vous mettre à l'honneur,
pour rendre hommage à votre action en faveur de la musique vivante et de
l'ensemble des secteurs du spectacle vivant et enregistré. Mon plaisir est sincère
de pouvoir saluer hors des enceintes habituelles de nos rencontres et de nos
débats votre efficacité, votre combativité ainsi que votre sens du dialogue, votre
souci de l'intérêt général.

Déléguée générale du Prodiss, Présidente de l’AFDAS, membre de multiples
instances et groupes de travail, vous représentez pour nous une interlocutrice en
qui nous mettons confiance et estime.

Les chantiers sur lesquels nous nous rencontrons sont actuellement, parmi tous
ceux qui occupent le monde de la culture, les plus porteurs à la fois de
problématiques, de difficultés, mais aussi d'espoirs et de pistes pour l'avenir,
parce qu'ils touchent à l'économie aussi fragile que spécifique du monde du
spectacle et que les questions humaines y sont à la une de nos préoccupations.

Votre parcours personnel semble vous avoir naturellement conduite à remplir la
mission qui est aujourd'hui la votre.

Vous entrez dans la vie active à l'âge de 16 ans. Les petits boulots, vous
connaissez. Les études, vous les commencez tard, déjà bien intégrée à la vie
professionnelle dans le groupe Philips. Si vous choisissez le droit, ce n'est pas
foncièrement par passion des matières juridiques, mais pour vous rapprocher de
vos aspirations d'enfant : vous vouliez devenir assistante sociale.

Je ne sais quelle assistante sociale vous auriez été, mais nous savons quelle
juriste vous êtes devenue : un caractère que vous définissez vous-même comme
« un peu atypique » donne à votre pratique juridique une tonalité musicale, et
vous dédie en tout cas aux dossiers proches du monde artistique. C'est donc le
groupe POLYGRAM que vous rejoignez en 1980. Confrontée à l'obligation de
gérer des plans sociaux, ce que vous faites au mieux de vos compétences et de
vos convictions en reclassant notamment tous les salariés de l'entreprise
TELECIP, vous préférez quitter le groupe pour rejoindre un groupe de presse.

Vous y êtes durant 6 années Secrétaire générale et avez la satisfaction de
mettre en place une vraie politique de ressources humaines.

En 1991, s'ouvre pour vous une nouvelle étape de vie. Vous prenez un peu de
recul pour vous occuper de votre fille et réorienter votre carrière vers vos
préoccupations profondes, proches du social et de l'intérêt général.

Avec l'esprit résolu qui vous caractérise, vous suivez des formations et obtenez
des diplômes qui viennent compléter l'expérience et les connaissances acquise
sur le terrain.

Au cours d'un stage de recherche d'emploi organisé par l'ANPE, les
participants unanimes vous conseillent de répondre à l'annonce du
PRODISS (qui était alors le SNPS) qui recherchait un Directeur !

C'est là que nous nous rejoignons enfin !

Pour vous, c'est enfin la possibilité de vous mettre au service de l'intérêt
général, à travers une cause particulière : celle de la défense du
spectacle vivant musical. A la tête du Prodiss, la syndicaliste que vous
êtes réalise son unité entre contestation et goût profond du dialogue.

Pour nous, c'est la certitude d'un dialogue équilibré et serein.

En effet, chère Colette Chardon, le Prodiss est un syndicat qui ne
regroupe pas moins de 250 entrepreneurs de spectacles du domaine
des musiques actuelles et populaires. Le Prodiss reflète la grande
diversité d'une profession dans ses statuts, qui sont privés ou parfois
subventionnés, au service de courants et d'esthétiques très variés, une
profession qui accompagne les artistes confirmés ou émergents à des
niveaux différents de notoriété et de développement de carrière.

Mais votre action est aussi plus large. C'est votre participation aux
travaux de la FESAC, votre implication au sein du CNV, le centre
national de la chanson, des variétés et du jazz. C'est aussi votre intérêt
pour la formation et l'adaptation des parcours professionnels, qui
s'exprime à la fois au sein de la commission paritaire nationale emploi
formation ou dans le cadre de votre présidence de l'AFDAS, dont, un
récent Rapport de la Cour des Comptes vient de saluer la qualité de la
gestion… C'est enfin, mais la liste pourrait être encore longue, le rôle
moteur que vous jouez en faveur de la prévention et de l'évaluation des
risques professionnels et tout particulièrement votre engagement aux
côtés d'Agisson pour la préservation … de nos oreilles.

Nous vous sommes très reconnaissants de l'action que vous conduisez
au service de la structuration de tout un secteur, au sein de votre
profession et dans votre rapport avec les pouvoirs publics, et cela à
l'heure où les modes de consommation de la musique connaissent des
mutations importantes.

Je profite de l'occasion qui nous réunit pour vous dire toute ma gratitude
mais aussi pour vous redire combien nous comptons sur votre ténacité,
sur votre sens de l'intérêt général, pour qu'aboutissent les négociations
de la convention collective du spectacle vivant privé, car je connais la
passion, l'acharnement pourrait-on dire, dont vous êtes capable au
service de l'efficacité et de l'intérêt général.

Vous savez pouvoir compter sur l’estime unanime de la profession et
des organisations syndicales en particulier, pour votre rôle de médiation
innovante et imaginative.

Au nom de la République, nous vous faisons Chevalier dans l'Ordre des
Arts et des Lettres.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Brice Mourer

12 mars 2007

Cher Brice Mourer,

Je suis particulièrement heureux de vous recevoir ici aujourd'hui, pour
marquer une fois de plus la reconnaissance et le soutien que je porte à
votre action en faveur de la scène et de la culture électroniques, dont vous
êtes devenu une véritable icône. Votre parcours au sein de l'univers des
musiques électroniques est par lui-même très significatif : vous êtes venu
aux musiques électroniques par l'enthousiasme collectif qu'elles suscitent,
par la vision renouvelée de la fête qu'elles proposent, et c'est très
rapidement que l'étudiant en gestion que vous étiez alors a perçu la force
irrésistible et les potentialités immenses de ce nouveau courant artistique.

En 1992, c'est pour le plaisir que vous organisiez des fêtes, des soirées,
des événements. Peu à peu, ce qui était pour vous simple loisir est devenu
activité professionnelle, et, d'activité professionnelle, un véritable
engagement personnel, le défi d'une vie. Vous vous êtes lancé rapidement
dans la production, pour des artistes, des DJ tels que que Jérôme
Pacman, Cyril K, Djulz, Dan Ghenacia, Jacques de Marseille, ou pour des
compilations mixées de soirées ou de disques.

En 1995, vous créez votre
propre structure, « Magic Garden », avec seulement deux associés, dont
votre soeur Béatrix. La même année, vous organisez la première soirée
électronique de l'Elysée-Montmartre ; en 1998, vous investissez le Zénith
devant 8 000 personnes, avant de vous attaquer, en 1999, au Palais
Omnisports de Bercy. Chacun de ces évènements contribue à élargir le
champ de la techno, à lui gagner de nouveaux publics, à lui ouvrir de
nouveaux lieux. C'est aussi l'occasion d'affronter sur le terrain les difficultés
et les combats des commencements : les musiques électroniques ne sont
pas encore assez connues du grand public, et peinent à se faire
reconnaître par les pouvoirs publics.

Je suis heureux que le ministère de la
Culture ait été, dans ces années pionnières, un lieu d'accueil et d'écoute,
ouvert aux nouvelles expressions artistiques. En ce qui me concerne, j'ai
tenu à ouvrir les portes de la rue de Valois, en recevant, ici même, en
septembre 2004, l'ensemble des acteurs de la scène électronique pour une
soirée que j’ai tenu à leur dédier. C'est dans cette même perspective, cher
Brice Mourer, que j'ai souhaité vous rendre hommage aujourd'hui : grâce à
l'action déterminée et intelligente que vous avez menée, avec ceux qui
réfléchissent et travaillent à vos côtés, le dialogue a pu se nouer
progressivement, dans une écoute réciproque, respectueuse et féconde ;
vous êtes ainsi devenu, pour les pouvoirs publics comme pour les
professionnels, un interlocuteur précieux et efficace.

Vous étiez, en 1996, l'un des fondateurs de l'Association Technopol,
dont vous êtes aujourd'hui président d'honneur. Créée après l'annulation
d'une soirée électro à Lyon, par des professionnels de la scène électro
désireux de se regrouper, cette association a pour objectif premier de
faire reconnaître les musiques électroniques auprès des institutions, des
organismes professionnels et des élus locaux. Cet objectif, nous le
partageons. Aujourd'hui, deux grands événements annuels organisés
par Technopol contribuent à promouvoir auprès du public l'image et la
palette des musiques électroniques. La Techno-Parade réunit
maintenant jusqu'à 500 000 personnes – et si vous voulez un scoop, je
puis vous annoncer que le thème adopté pour cette année concernera
probablement la question du développement durable et de l'écologie !

D'autre part, les Rendez-Vous Electroniques, déclinaison de
conférences, d'expositions et de concerts, illustrent la diversité de la
scène électronique et l'étendue du mouvement culturel qu'elle
représente.

Ces évènements, cher Brice Mourer, vous doivent beaucoup. Au-delà
de votre engagement associatif, vous poursuivez avec autant de talent
et de succès votre activité professionnelle au sein de « Magic Garden ».

Béatrix est toujours là, mais il y a maintenant une équipe fixe de vingt
personnes pour vous assister ! Devenus une référence créative dans le
marché de l'événementiel, vous êtes sollicités par de grands groupes
comme par des institutions importantes, des Régions à la Mairie de
Paris, et jusqu'au ministère de la Culture et de la Communication. Vous
avez en effet apporté tout votre savoir-faire à l'opération « La Rue au
Grand-Palais », en octobre dernier, une manifestation que je considère
comme décisive pour la mise en valeur de la diversité des cultures
urbaines.

Grâce à votre travail, en collaboration avec le metteur en
scène Eric Checco, avec les architectes Patrick Bouchain et Thierry
Dreyfus, graffeurs, slameurs et rappeurs ont eu droit de cité au coeur de
Paris, sous la nef de verre et d'acier du Grand-Palais. Dans ce succès
supplémentaire, riche de promesses pour l'avenir du spectacle vivant et
de toutes les nouvelles formes d'expression artistique, je vois le meilleur
symbole de l'action que vous menez depuis longtemps, avec talent et
audace, en faveur du renouvellement de notre scène culturelle.

Brice Mourer, au nom de la République, nous vous faisons Chevalier
dans l'Ordre des Arts et des Lettres.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Alain Artaud-Macari

12 mars 2007

Cher Alain Artaud-Macari,

Je suis très heureux de saluer aujourd’hui en vous un grand acteur du
monde de la musique, dont la grande carrière semble avoir été guidée par
ce principe, que je vous emprunte volontiers : “ Même si une musique
paraît difficile au premier abord, si nous l'aimons, il n'y a aucune raison
pour que le grand public ne partage pas cette passion. ”

Et cette passion vous est venue dès votre jeunesse, pendant laquelle vous
pratiquez le piano, et la guitare, et envoyez même quelques maquettes de
votre crû à des maisons de disques. Étudiant à Sciences Po, vous déclarez
tout de go à vos examinateurs, surpris, qui vous interrogent sur vos projets
d'avenir : “ Je veux monter une maison de disques ”.

Vous intégrez très vite, au début des années quatre-vingts, à l'appel de
Patrick Zelnik, une jeune société indépendante, une maison emblématique
d'un nouveau savoir-faire, qui n'est autre que Virgin. Vous y êtes d'abord
en charge de l'international, avant de devenir Directeur du marketing.

Vous
travaillez avec Renaud, Etienne Daho, Julien Clerc et Alain Souchon,
autant de talents éclatants de la scène française.

Lorsque Virgin cherche à se diversifier, vous co-fondez “ Labels ”, – avec un
s, – sorte de fédération de plusieurs labels indépendants. La démarche,
novatrice, est couronnée de succès.

“ Labels ” signe et produit quelques-uns des plus grands noms de la scène
française d'aujourd'hui : Daft Punk, Yann Tiersen, Moby, Dominique A, pour
ne citer qu'eux. La production de la bande originale d'Amélie Poulain ou du
magnifique album de Jean-Louis Murat, Mustango, les plus de 700 000
albums vendus par Sergent Garcia sont à inscrire à votre actif, de même
que le succès de la jeune scène électronique française.

En signant des artistes comme Daft Punk et des projets comme les
compilations des soirées “ Respect ”, vous avez contribué à replacer la
France au centre de la carte des pays exportateurs de musique.

En signant Cali, vous avez apporté une dernière touche personnelle à
l'action de “ Labels ”, au coeur de la nouvelle chanson française, avant de
devenir Président de Capitol en 2002. Vous y accompagnez notamment
Jane Birkin jusqu’au disque d’or, avec le magnifique album Arabesque.

En 2003, vous devenez Directeur général du label indépendant V2, et vous
y menez une politique artistique aussi éclectique qu’exigeante. Vous ouvrez
l'horizon musical du label à toutes les identités, à tous les talents singuliers.

Vous accueillez les nouveaux venus que sont Daphné ou Babet [prononcer
Babette]. Vous accompagnez le développement d'artistes telle Anaïs, qui
s'imposent désormais, et viennent rejoindre le catalogue prestigieux où
figurent Isabelle Boulay, Jean-Louis Murat ou encore Henri Salvador, qui
vous a suivi.

Henri Salvador dont vous avez orchestré en 2000 le grand retour, avec
l’album Chambre avec vue, vendu à plus de deux millions d’exemplaires.
C'est, pour vous, une très grande rencontre, que vous évoquez toujours
avec beaucoup d’émotion.

Je sais que vous nous préparez en ce moment même, avec ce grand
crooner devenu votre ami, d'autres futurs très beaux souvenirs, à la
démesure de cet immense artiste, qui fête cette année ses 90 ans. [Je n'ai
d'ailleurs pas oublié que nous avons évoqué ensemble un projet à l'Opéra-
Garnier et croyez bien que je suis aussi attaché que vous à le voir se
réaliser.]

Je suis heureux de saluer aujourd’hui en vous, non seulement un brillant
découvreur de talents, et un acteur majeur de notre vie musicale, mais
aussi un grand bâtisseur de cette Europe de la culture que j’appelle de mes
voeux, et que vous incarnez éminemment, en tant que co-fondateur, en
2003, de Cooperative Music, une organisation dédiée aux labels
indépendants à travers l'Europe.

Alain Artaud-Macari, je suis heureux de vous remettre les insignes de
Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des lettres à Peter Molyneux

12 mars 2007

Cher Peter Molyneux,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, pour honorer en vous
une véritable étoile du monde du jeu vidéo, un visionnaire, un pionnier, un
révolutionnaire. J’allais dire un dieu. Disons plutôt que vous faites des
joueurs de véritables démiurges, disposant de pouvoirs infinis sur un
monde qu’ils créent de toutes pièces, et scellant le destin de leurs
personnages. Avec vous, le jeu dépasse les frontières du simple
divertissement, pour accéder à une dimension quasi métaphysique, et
spirituelle.

C’est dire si le jeu est profondément ancré en vous, depuis votre enfance,
puisque vous avez été élevé dans le magasin de jouets de votre mère.

On
retrouve aussi dans tous vos jeux ce sens de l’absurde et de l’humour
merveilleusement britannique, qui vous a conduit un jour à assister grimé à
une fête organisée par vous-même, où trois cent invités n’ont cessé de
vous chercher pendant des heures…

Votre première création pour Bullfrog, le jeu Populous, provoque un petit
séisme dans le monde du jeu vidéo. Vous placez le joueur à la fois hors et
au coeur de l’action, en inventant la notion d’incidence indirecte, de
dialectique entre le monde virtuel créé et le joueur, qui gagne, à terme, la
toute puissance. Vendu à trois millions d’exemplaires, ce jeu, première
« simulation de divinité » (« God Game »), vous vaut de nombreuses
distinctions et grave votre nom dans l’histoire du jeu vidéo.

Vous développez ces principes novateurs dans les titres que vous signez
ensuite, en appliquant cette notion de dialectique à différents contextes :
une troupe de soldats, dans Powermonger en 1991, ou encore un parc
d’attractions, en 1994, avec Theme Park, deux perles parmi vos
nombreuses créations jubilatoires devenues cultes.

En 1997, vous vivez un tournant décisif, en créant une nouvelle société,
Lionhead Studios, qui vous offre une liberté et une indépendance totales
pour réaliser les projets les plus fous sortis de votre imagination débridée.

Black and White pousse à son paroxysme l’art de la simulation de divinité.

Le joueur devient véritablement Dieu, ou plutôt une sorte de Léviathan,
créature titanesque et tout puissante, qui doit gagner la foi et les respect de
ses brebis, par la terreur ou l’adoration. Au joueur de choisir entre la voie
du Dieu bienveillant, ou du Dieu implacable.

Avec Fable, dont le dernier volet vient tout juste de sortir, et auquel je
souhaite le même succès qu’à sa précédente édition, vous plongez les
joueurs dans un univers médiéval, aidé en cela par des graphismes d’une
grande beauté, et des effets sonores particulièrement soignés.

Car le jeu vidéo est, vous le savez, un art complet. Parce qu’il développe
une histoire, des histoires, autant d’histoires qu’il y a de joueurs, parce
qu’il crée un univers, avec ses codes, ses règles, ses principes, parce qu’il
doit innover en permanence. Pour créer vos mondes virtuels, pour les
rendre toujours plus réels, vous n’hésitez pas à convoquer tous les
talents, du jeu vidéo, bien sûr, mais aussi des écrivains, des réalisateurs,
des chorégraphes, des créateurs de mode, ou encore des décorateurs.

C’est aussi cette exigence, ce souci du détail juste, cette quête de la
perfection de ces mondes dont vous êtes, en réalité, le premier démiurge,
qui ont fait le succès de vos jeux. Vous avez su communiquer à des
millions de joueurs, qui guettent aujourd’hui religieusement, si je puis dire,
vos dernières oeuvres, vos talents et vos goûts d’apprenti sorcier. Je suis
particulièrement heureux de saluer aujourd’hui un véritable visionnaire, qui
démontre, à chacune de ses créations, combien le jeu vidéo a toute sa
place dans ces salons.

Peter Molyneux, au nom de la République, nous vous remettons les
insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des lettres à Eric Viennot

12 mars 2007

Cher Eric Viennot,

C’est un grand plaisir de vous accueillir aujourd’hui, pour saluer en vous un
très grand créateur, qui incarne éminemment la place que le jeu vidéo est
appelé à occuper dans la culture française. Vous avez en effet apporté à ce
secteur une belle ambition artistique, contribuant à le faire entrer dans la
grande famille des images animées, dont le cinéma a été l’initiateur.

Passionné de graphisme, de littérature et de cinéma, vous êtes un artiste
complet, et c’est cette complémentarité des disciplines qui vous a conduit à
devenir créateur de jeux vidéo.

Plasticien de formation, agrégé d’arts plastiques, vous enseignez pendant
cinq ans à l’Université Paris I Sorbonne. Mais vous êtes artiste avant tout, à
la fois photographe, peintre et créateur vidéo, et vous débutez votre
carrière au sein du groupe Équipage 10, pour participer à plusieurs
expositions multimédia en France, en Allemagne, en Italie et au Danemark.

En 1990, avec Marie Viennot et José Sanchis, vous fondez, en tant que
designer graphique et directeur artistique, le studio de création Lexis
Numérique, véritable précurseur en images de synthèse et en création
multimédia.

L’Album secret de l'oncle Ernest, en 1998, marque votre premier grand
succès. Ce jeu vidéo, plein de poésie onirique, raconte l’histoire d’un vieil
oncle farfelu, aventurier, voyageur et inventeur. Il ravit les enfants et
enchante leurs parents, en les invitant à découvrir le monde et la nature.

Vous en développez plusieurs suites, toutes aussi attachantes, qui sont
traduites en plus de quinze langues, et qui vous valent de nombreuses
distinctions internationales.

Vous êtes également l’auteur de plusieurs autres jeux pour enfants, et
notamment La Boîte à bidules de l’oncle Ernest pour les plus petits, qui
donnera lieu à une série de quatre titres.

Le jeu vidéo, un domaine réservé aux garçons ? Vous bousculez les idées
reçues en proposant plusieurs créations destinées aux petites filles.

Vous
imaginez notamment le jeu Alexandra Ledermann, qui fait découvrir aux
joueuses en herbe les joies de l’équitation virtuelle. C’est un nouveau très
beau succès.

En 2003, vous créez le jeu In Memoriam, thriller psychologique interactif
d’un nouveau genre, qui s’appuie sur des séquences filmées. En
impliquant fortement le joueur, qui doit partir à la recherche des indices
sur Internet, vous lui offrez une expérience immersive captivante, digne
des plus grands films d’angoisse et d’aventure. Ce jeu, sorti également
aux États-Unis, a reçu de nombreuses distinctions internationales
comme le prix Moëbius. Le dernier volet, Le Dernier rituel, sorti tout
récemment, remporte, lui aussi, un très grand succès.

Vous êtes un auteur accompli de jeux vidéo, qui sont pour vous, bien
plus qu’un simple passe-temps, un véritable nouveau média, apparu un
siècle après le cinéma, et proposant, comme lui, une nouvelle forme de
narration, capable de véhiculer du rêve et de l'émotion.

Eric Viennot, au nom de la République, nous vous faisons Chevalier
dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des lettres à Antoine Villette

12 mars 2007

Cher Antoine Villette,

Je suis très heureux de vous recevoir aujourd’hui, pour rendre hommage à
votre brillante carrière, à la fois de créateur et d’entrepreneur, dans le
domaine du jeu vidéo, mais aussi à votre engagement sans faille pour la
promotion et la valorisation de ce secteur florissant de la création, comme
de notre économie, qui a fait de vous un interlocuteur précieux des
pouvoirs publics.

Après vos débuts dans le domaine du marketing, de la communication et
de l’enseignement, c’est véritablement la passion qui vous a conduit à
fonder, en 1997, le studio de développement de jeu vidéo Darkworks, que
vous dirigez encore avec votre associé Guillaume Gouraud.

Vous créez alors votre premier jeu, Alone in the dark : The new nightmare,
qui sort en 2001 et rencontre un très grand succès. Par ses décors
somptueux, ses jeux de lumière, ses ambiances sonores et son récit
haletant, ce jeu d’aventure parvient à créer une atmosphère angoissante et
un suspense captivant.

Vous créez, avec votre équipe, le jeu Cold Fear, qui sort en 2005 et
impressionne son public par l’immersion du joueur dans le cadre
dramatique d’un navire pris dans la tempête. Des producteurs américains
ont par la suite acquis les droits pour en faire un film, ce qui met une fois de
plus en lumière les liens étroits, l’inspiration mutuelle, qui unissent ces deux
industries culturelles complémentaires.

Vous dirigez aujourd’hui une équipe soudée, et nombreuse, puisque le
studio Darkworks compte désormais une centaine de personnes.

Au-delà de vos activités créatives, vous êtes également l’un des
fondateurs, en 2002, de l’APOM, l’association des producteurs d’oeuvres
multimédia, dont vous avez été le premier Président, jusqu’en 2005.

Avec
l’APOM, vous avez engagé un dialogue constructif avec les pouvoirs
publics, pour faire connaître votre métier, vos créations et tous les enjeux
sociaux, économiques et culturels du jeu vidéo dans notre pays. Vous avez
étendu ce combat à l’Europe, en fondant en 2005 l’EGDF, la fédération
européenne des créateurs de jeux vidéo.

Votre studio Darkworks a ainsi été le premier à recevoir la visite d’un
Premier Ministre, celle de Jean-Pierre Raffarin en novembre 2002. Vous lui
avez alors proposé des mesures d’aide à la création française de jeu vidéo,
qui ont été à l’origine d’un plan de soutien.

L’ensemble des studios de développement ont ainsi bénéficié très
rapidement d’une refonte du Fonds d’aide à l’édition multimédia, qui a mis
en place un appel à projets spécifique pour la pré-production de jeux
vidéo innovants. Une Ecole Nationale du Jeu et des Médias Interactifs
Numériques a également été créée à Angoulême. Enfin, le crédit d’impôt
pour la création de jeu vidéo vient d’être voté par le Parlement dans la loi
sur la télévision du futur que j’ai défendue au nom du gouvernement.

Vous avez su partager cette passion qui vous anime pour le jeu vidéo, la
passion de la création, de l’émotion, pour parvenir aujourd’hui à la
reconnaissance pleine et entière de ces métiers et de ce secteur à la fois
économique et culturel.

Antoine Villette, au nom de la République, nous vous faisons Chevalier
dans l’ordre des Arts et des Lettres.

Hommage à l'action bénévole des Associations d'amis des musées

11 mars 2007

Mesdames et Messieurs les Présidents et Présidentes des associations
d'amis des musées,

Mesdames et Messieurs les Conservateurs des musées,

Mesdames, Messieurs, Chers Amis des Musées,

Je suis très heureux de vous accueillir ce soir rue de Valois, ce qui est, je
crois, une première, pour vous témoigner toute mon admiration pour votre
énergie et votre dévouement, et ma reconnaissance la plus profonde.

Vous
êtes les partenaires précieux et essentiels de la vie des arts et du
patrimoine de notre pays, auxquels vous apportez un rayonnement qu'on
ne peut atteindre par des moyens purement institutionnels ou budgétaires.

Vous participez activement à la vie de nos musées, par l'enrichissement de
leurs collections, ainsi que par des actions parfois plus confidentielles, mais
tout aussi importantes, d'accueil des publics, de médiation et d'éducation
populaire.

La Fédération Française des amis de musées, dont je tiens à saluer le
Président Jean Michel Raingeard, Olivier de Rohan, administrateur et
membre du bureau, et tous les membres du conseil d'administration,
regroupe aujourd'hui plus de 300 membres. Elle a fêté en 2005 son
trentième anniversaire.

Cela fait donc plus de trente ans que les Amis des musées accompagnent
les institutions dans l'exercice de leurs nobles missions. Trente ans
d'engagement, de générosité, de temps et d'énergie offerts à notre vie
culturelle.

Grâce à vous, nos collections nationales s'enrichissent chaque année de
nouvelles oeuvres majeures. Ces donations ou ces acquisitions, loin de
profiter aux seuls musées nationaux, bénéficient également aux musées en
région. Je ne peux en dresser aujourd'hui la liste exhaustive, qui serait si
longue, si riche ; permettez-moi cependant de citer quelques exemples
révélateurs de votre grande générosité. L'acquisition, pour le musée du
Louvre, de dessins de Watteau ; les quatre chaises provenant de
l'appartement de la comtesse du Barry, pour le château de Versailles ; des
oeuvres remarquables (des études de vitrail, des peintures et des
gravures), pour le musée national du Moyen Âge ; ou encore la donation
des amis du musée d'Ecouen d'un ensemble magnifique de 153 gravures
des XVIe et XVIIe siècles.

Les Amis du musée d'art moderne de Troyes ont permis, depuis dix ans,
l'acquisition de plus de 25 oeuvres d'art, et notamment un bronze d'Henri
Laurens, en 2001.

Le mécénat des Amis du musée de Grenoble a, lui, permis l'entrée dans
les collections de l'oeuvre Pintura Madi de Rhod Rothfuss, première
oeuvre dans un musée français de l'un des maîtres de l'école sudaméricaine
du tournant du XXe siècle.

Je pourrais citer encore le tableau de Paul Huet, acquis pour le musée
des beaux arts de Caen, ou ce portrait de fillette du XVIe siècle, pour le
futur musée de la dentelle de Retournac.

Je tiens à saluer aujourd'hui l'action de ce vaste réseau de générosité et
d'engagement, de passion, également, qui permet à nos musées, sur tout
le territoire, d'enrichir chaque année leurs collections, mais aussi d'ouvrir
leurs portes à un public plus nombreux et plus divers. C'est là, je le sais,
une dimension de votre action à laquelle vous êtes particulièrement
attachés.

Les exemples d'actions menées par les amis de musées en matière de
développement des publics ne manquent pas, mais je tiens à souligner, et
à saluer, plus particulièrement, l'implication des Amis de musées pour la
Nuit des musées, qui a participé au succès de cette opération que je suis
fier d'avoir lancé en mars 2005 et leur mobilisation pour défendre la
gratuité, le premier dimanche de chaque mois, dans les musées en
régions à l'instar des musées nationaux.

Permettez-moi de saluer également, à titre d'exemples, les actions
menées par les amis du musée de Mâcon à l'attention des foyers ruraux,
celles des amis du musée de Montpellier envers les publics les moins
familiers des musées, l'ouverture aux jeunes amis du musée du château
de Pau, ou encore les relations nouées par le musée des Beaux-Arts de
Caen avec le mouvement Aide à Toute Détresse quart-monde.

Enfin, en cette année où elle fête son 100e anniversaire, je souhaite
rendre un hommage tout particulier à l'action exemplaire de la
prestigieuse la Société des amis de Versailles que préside, avec la
passion et le dynamisme qu'on lui connaît, M. Olivier de Rohan. Au
château et au domaine, elle apporte un concours essentiel en matière de
levée de fonds pour le financement des acquisitions et des restaurations.

Je n'oublie pas en effet le rôle qu'elle a tenu dans le sauvetage de
Versailles grâce au mécénat de John D. Rockfeller. De même, elle
contribue très largement à la découverte et au rayonnement de ce fleuron
de notre patrimoine, grâce au travail désintéressé de ses membres et de
ses bénévoles, qui chaque année accueillent plus de 7000 personnes au
cours des visites, des conférences, des voyages et des excursions qu'elle
organise.

Je salue l'ensemble de vos actions, et je souhaite que vos brillantes
expériences, à tous, se renforcent, et qu'elles fédèrent de nouvelles
énergies et de nouvelles volontés, en concertation avec les équipes de
médiation des services de publics des musées de France, et avec trois
priorités : le jeune public, l'accessibilité des personnes handicapées,
l'ouverture à l'Europe et le rayonnement international.

Je me réjouis que votre Fédération ait créé une " filiale " européenne.
Vous savez combien j'attache d'importance à la construction de l'Europe
de la culture, et un projet comme le vôtre apporte une pierre solide à cet édifice. Vous participez activement, également, aux travaux de la
Fédération mondiale des amis des musées.

Pour toutes les raisons que je viens d'évoquer, et qui démontrent, s'il en
fallait une nouvelle preuve, l'apport essentiel de votre engagement, je
souhaite que vos actions soient mieux reconnues, et mieux valorisées.

Permettez-moi de saisir cette occasion, cher Jean-Michel Raingeard, pour
répondre à certaines inquiétudes, exprimées ça et là, à propos du
rayonnement international de nos musées, mais aussi d'un prétendu
désengagement de l'Etat, inquiétudes récemment attisées par certaines
interprétations du rapport de MM. Jean-Pierre Jouyet et Maurice Lévy sur
l'économie de l'immatériel. Tout d'abord, je tiens à dire que les
propositions et les analyses contenues dans ce rapport n'engagent que
leurs auteurs. Elles ne sont pas celles de ce gouvernement et de cette
majorité. Elles ne sont pas les miennes. Il n'est pas question, en
particulier, de revenir sur l'inaliénabilité des oeuvres appartenant au
patrimoine de l'Etat, de la nation. Mais de grâce, n'opposons pas, de
façon manichéenne et réductrice, l'aspect symbolique du patrimoine, d'un
côté, qui prend en compte le sens et la valeur sociale, démocratique des
oeuvres, et de l'autre côté, son aspect " public ", touristique, économique,
de la culture.

Passons sur l'aspect caricatural de cette opposition, démentie par votre
action quotidienne, comme par celle de tous ceux qui ont à coeur de
décloisonner et d'ouvrir l'univers des musées. C'est en effet un discours
que l'on entend parfois de la bouche des quelques rares adversaires du
mécénat, et de toute forme de partenariat et d'ouverture entre les
institutions publiques et la société civile, ouverture que vous incarnez tous
ici, de façon éminente.

Passons également sur mon opposition la plus absolue, la plus claire et la
plus nette à toute entorse au sacro-saint principe de l'inaliénabilité de nos
collections publiques, que j'ai exprimée à de nombreuses reprises, mais
aussi sur mon engagement soutenu, et constant, depuis mon arrivée rue
de Valois, pour faire à la culture, et aux oeuvres, une place à part dans le
droit international, une place dégagée de toutes les " pressions
mercantiles ". Passons sur son succès, avec la signature, puis la mise en
oeuvre de la convention sur la diversité culturelle, à l'UNESCO, qui inscrit,
une fois pour toutes, dans le droit international, le principe selon lequel les
biens et les services culturels, les oeuvres d'art et de l'esprit, ne sont pas
des marchandises, et qui entrera en vigueur le 18 mars.

Passons enfin sur l'augmentation du budget de la culture qui a été, sous
cette législature, et avec cette majorité présidentielle, deux fois supérieure
à celle de la période précédente, et qui doit, une fois pour toute, exorciser
le spectre, le fantasme, la vieille antienne du prétendu désengagement de
l'État. L'Etat ne se désengage pas. Mais il est pleinement conscient du
capital d'avenir qu'il a entre les mains.

Tel est le sens du projet du Louvre Abou Dabi, musée universel, pour
lequel j'ai signé, mardi dernier, au nom du gouvernement français, un
accord historique de coopération culturelle avec les Emirats Arabe Unis.
Quel plus beau symbole que ce projet de musée à vocation universelle,
qui contribuera à la compréhension mutuelle, au dialogue et à l'amitié de
deux pays, de deux civilisations, dont il sera à la fois le témoin et le
carrefour ?

Les objectifs culturels resteront au coeur de la finalité de ce musée. Son
programme scientifique et culturel, comme sa réalisation architecturale,
confiée à Jean Nouvel, répondront aux critères les plus exigeants, critères
scientifiques, artistiques techniques, déontologiques et éthiques, qui ont toujours été ceux de la France ? En ce qui concerne les oeuvres, auxquels
nous sommes tous, bien évidemment attachés, faisons confiance aux
conservateurs et historiens d'art français, qui définiront le projet
scientifique, et dont l'excellence, l'expertise et la déontologie sont une
référence inébranlable. Faisons-leur confiance à Abou Dabi comme nous
leur faisons confiance au sein de nos frontières.

Devons-nous rougir des retombées financières importantes de ce projet ?

Devons-nous rougir de la chance qu'elles représentent, non pas
seulement pour le musée du Louvre, mais pour tous les musées de
France, sur notre territoire, qui se porteront volontaires pour participer à
cette belle aventure, à ce magnifique projet ?

Je ne le crois pas, comme je ne crois pas que défendre la création d'un
grand musée du XXIe siècle, amené à devenir une référence scientifique
et culturelle, sur la base du savoir-faire, de l'expertise et du rayonnement
de notre pays, pour les institutions muséales du monde entier.

Permettez-moi de citer une phrase qui exprime la pensée profonde de
celui qui fut le premier ministre de la Culture, auquel je suis fier d'avoir
rendu hommage, ici même, le 23 novembre dernier, à l'occasion du 30e
anniversaire de sa mort, parce qu'il continue à inspirer mon action : " La
France n'a jamais été aussi grande que lorsqu'elle l'est pour les autres. "

Je vous remercie.

Dévoilement de la maquette Temple du ciel – Domaine national du château de Chambord

9 mars 2007

Madame, chère Chan Laiwa [Tchann Laïwa],

Monsieur l’Ambassadeur de Chine, cher Zhao Jinjun [Djao Djinn Djunn],

Monsieur le Président du Conseil général, Cher Maurice Leroy,

Monsieur le Député, cher Patrice Martin-Lalande,

Monsieur le Maire de Chambord, cher André Joly,

Monsieur le Maire de Mont-près-Chambord et Président de la commmunauté
de communes du Pays de Chambord, cher Gilles Clément,

Monsieur le secrétaire général, cher Yvan Cordier,

Monsieur le Directeur général du Domaine National de Chambord, cher
Philippe Martel,

Monsieur le Conservateur en chef des Monuments Historiques en région
Centre, cher Jean-Pierre Blin,

Monsieur le chef du service départemental de l’architecture et du patrimoine,
cher Jean-Lucien Guenoun,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

C’est pour moi un honneur, Madame, de vous accueillir aujourd’hui à
Chambord, l’un des hauts lieux du patrimoine mondial. Un honneur car je sais
à quel point le Président de la République est sensible au don exceptionnel
que vous faites aujourd’hui à la France avec la superbe maquette en bois de
santal que nous venons de dévoiler ensemble. Un honneur car vous êtes l’une
des personnalités les plus marquantes de votre pays qui est, pour reprendre le
mot du Général de Gaulle « Un Etat plus vieux que l’histoire ». Un honneur
parce que votre parcours atypique vous a conduit à vous intéresser à de
multiples sujets. Femme d’affaires, vous avez créé le Groupe FU WAH dont les
activités touchent aussi bien à l’immobilier qu’à l’hôtellerie, aux relations
publiques et à l’univers du luxe. Dans chacun de ces domaines, vous avez
atteint l’excellence.

Mais ce sur quoi je souhaite aujourd’hui mettre l’accent, ce sont, bien sûr, vos
actions en matière culturelle. Spécialiste internationalement reconnue en art
chinois, vous donnez régulièrement des conférences à travers le monde.
Généreuse mécène, vous aidez de jeunes artistes et des artisans de haut vol.

En 1999, à l’occasion du 50e anniversaire de la République populaire de
Chine, vous avez ouvert le Musée du bois de santal à Pékin. Vous l’avez doté
d’une exceptionnelle collection, composée d’un millier de meubles et d’objets
façonnés dans ce bois très précieux. Votre ouverture sur le monde vous a
décidé à faire connaître à l’étranger ce que l’on surnomme en Chine le « bois
des Rois ». Vous vouliez aussi faire découvrir l’architecture chinoise. C’est
ainsi que vous avez fait réaliser des maquettes monumentales des sites
architecturaux les plus célèbres de votre pays et que vous en avez fait don à
des institutions culturelles aussi prestigieuses que le British Museum, le
Smithsonian Institute, le Musée de Dresde, le Musée de la Cité interdite et le
Musée national de Kyushu. Chambord est aujourd’hui le sixième lieu à
bénéficier de votre générosité.

Certains sans doute s’interrogent. Pourquoi, Madame, avoir choisi Chambord
pour faire don de cette exceptionnelle maquette ? Quel rapport entre un château
Renaissance et un temple chinois ? Pourquoi, comme lors de vos précédents
mécénats, ne pas avoir choisi un musée ? Les questions abondent, et pourtant
votre décision est d’une logique évidente et vous pouvez être certaine d’avoir fait
le meilleur choix.

Chambord, rêve d’un Roi de 20 ans, est le monument le plus emblématique de la
Renaissance en Europe. Et la Renaissance, ce n’est pas seulement l’ouverture
de fenêtres dans des châteaux principalement faits auparavant pour se protéger ;
ce n’est pas seulement un certain art de vivre. La Renaissance, c’est d’abord un
moment privilégié d’ouverture à la culture des autres. La Renaissance, c’est
François Ier revenant d’Italie entouré d’artistes et d’architectes. C’est ce même
Roi achetant de la porcelaine chinoise.

Dans le monde d’aujourd’hui, rien ne me
semble plus important que de faire connaître et comprendre à chacun la culture,
les traditions et la manière de percevoir le monde de l’autre. Votre geste,
Madame, y contribue et la présentation de la maquette du Temple du ciel à
Chambord symbolisera la rencontre de deux formes inégalées d’excellence
architecturale du XVIe siècle. Je ne doute pas que cet évènement marquera un
nouveau jalon des échanges culturel entre nos deux grandes nations. Il s’inscrit
aussi dans la droite ligne du succès de l’Année de la Chine en France et de
l’Année de la France en Chine.

Permettez-moi de relever un faisceau de similitudes entre le Temple du ciel et
Chambord :

– les deux monuments ont été édifiés à la même époque ;

– ils ont également en commun d’être inscrits sur la prestigieuse liste du
Patrimoine mondial de l’UNESCO ;

– tous deux rendent compte d’une conception comparable de la relation directe
entre le souverain, Roi ou Empereur, et les puissances divines, entre l’homme et
la nature, entre la culture et le cosmos.

A objet exceptionnel, il fallait trouver un lieu d’exposition hors normes.

C’est bien
le cas avec les combles de la chapelle qui accueillent désormais la maquette du
Temple du ciel. Couronnant une aile du château, ce lieu a une histoire riche en
rebondissements. Commencés assez tôt sous Louis XIV, il devait abriter
plusieurs appartements, mais les travaux ne furent jamais menés à bien. Cela
explique la présence de cheminées et de murs inachevés. La charpente est l’une
des plus impressionnants du monument. Elle est composée de grandes poutres
de plus de 15 mètres de long, qui donnent à l’ensemble l’allure d’une coque de
bateau inversée. Aujourd’hui, l’association du chêne d’origine et du bois de santal
contribue à magnifier cette salle étonnante.

L’installation de la maquette du Temple du ciel à Chambord se fait sous les
meilleurs auspices. La Chine a célébré le Nouvel an il y a quelques jours et 2007
est un millésime bien particulier. La tradition chinoise veut que les enfants nés
cette soient bénis des cieux. Ils seront courageux, forts, intelligents, et riches et
honnêtes Je forme le voeu qu’il en aille de même pour ce qui vient de naître
aujourd’hui à Chambord : une collaboration entre un monument mondialement
connu et une entreprise de dimension internationale, la rencontre et l’échange
fécond de deux volontés et d’un même rayonnement, fondé sur la culture.

Cet évènement franco-chinois s’inscrit dans une série d’actions menées depuis
trois ans par Chambord à destination de la Chine. Plus de 2 millions de
personnes visitent le domaine national chaque année. 70 % sont des étrangers.

Conscient de l’essor considérable du tourisme chinois en Europe, Chambord
s’est engagé dans une politique visant à être reconnu comme l’un des lieux que
tout voyageur en France doit découvrir. C’est ainsi que Chambord a participé en
septembre 2005 aux cérémonies de clôture des Années Croisées France-Chine,
en envoyant notamment ses fameux sonneurs de trompe jouer sur la Grande
Muraille. De même, le domaine participera dans le cadre du Festival «
Croisements » à l’exposition « Vie et Châteaux » qui se déroulera en mai
prochain à Beijing chez Madame Zhang [Djang] dont je salue aujourd’hui la
présence.

Le public de Chambord ne sera pas le seul à bénéficier de votre geste.

Dès
l’année prochaine, la maquette du Temple du ciel sera exposée durant plusieurs
mois, à la Cité de l’architecture et du patrimoine, que j’inaugurerai prochainement
à Paris. La Cité organise en effet en 2008 une grande exposition rétrospective
sur l’architecture chinoise. Votre maquette en sera l’un des joyaux et je me
réjouis que le public parisien puisse ainsi l’admirer.

Je tiens à remercier particulièrement Monsieur Jean-François Jarrige, Président
et Monsieur Jean-Paul Desroches, Conservateur général du Musée des arts
asiatiques – Guimet grâce auxquels une exposition d’objets chinois de qualité
exceptionnelle relatifs au Temple du Ciel est présentée aujourd’hui à Chambord.

Je tiens également à remercier la Compagnie française de l’Orient et de la Chine
et Gérard Dautresme. Mécène de cette inauguration, la compagnie a été créée
par le regretté François Dautresme disparu il y a cinq ans. François Dautresme
fait partie des Français qui ont contribué de manière décisive à faire connaître la
culture et l’artisanat chinois dans notre pays. Sillonnant inlassablement la Chine à
partir de 1963, il repérait, grâce à son oeil infaillible, la beauté simple des objets
usuels.

Sa collection exceptionnelle, que vous verrez, Madame, lundi prochain, est un
véritable poème dédié à la Chine qu’il aimait passionnément. Il aurait aimé être
des nôtres aujourd’hui. Nous regrettons son absence.

Je tiens enfin à remercier Olivier Mellerio, qui a largement contribué à
l’organisation du séjour en France de Madame avec le Comité Colbert. Il ne peut
s’agir d’une simple coïncidence lorsque l’on sait les liens entre les Mellerio et
Chambord. En 1515, au moment où Chambord émerge des marais, vos aïeux,
orfèvres joailliers venus d’Italie, s’engagent sur les routes de la Renaissance à la
suite des artistes qui sillonnent l’Europe, attirés par cet incroyable éveil à l’autre
qui caractérise l’époque. Joailliers des Reines, les Mellerio se transmettent,
depuis 15 générations, savoir-faire et gestes ancestraux, perpétuant ainsi la plus
ancienne entreprise familiale d’Europe.

Vive Chambord ! Vive le Temple du Ciel !

Vive l’amitié Franco-chinoise !

Inauguration de l’exposition « femmes héroïque, une mythologie moderne » au musée de l’Homme, Palais de Chaillot

8 mars 2007

Madame la Présidente de l’association Arts Plus, Chère Reine Willing,

Monsieur le Directeur général du Muséum national d’histoire naturelle, cher
Bertrand-Pierre Galey,

Monsieur le Directeur du Musée de l’Homme, cher Zev Gourarier,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Tout d’abord, je tiens à vous remercier et à vous féliciter, Monsieur le Directeur
général, Monsieur le Directeur, de nous accueillir dans ce musée qui, bien
qu’héritier du musée ethnographique du Trocadéro fondé en 1978, fut créé il y a
tout juste soixante-dix ans, à l’occasion de l’exposition universelle de 1937, à
partir des immenses collections du Muséum, constamment enrichies depuis et
complétées par les activités de recherche.

Ce lieu est exceptionnel. Nous sommes nombreux à avoir découvert ici, de façon
inoubliable, la richesse et la diversité de l’aventure de l’homme en tant
qu’espèce, au sein de son environnement naturel et culturel. Ce lieu de diffusion
et d’apprentissage est aussi un lieu de savoirs, de connaissances, de
recherches. C’est un lieu qui est lui-même en pleine rénovation et je sais que
vous y travaillez activement. Je souhaite que ce musée unique conserve sa
vocation de lieu différent, conjuguant esthétique, arts et sciences. Et aujourd’hui,
c’est l’art qui nous rassemble.

Je suis très heureux, après avoir inauguré il y a quelques jours, à la Nouvelle-
Orléans, l’exposition « Femme Femme Femme », témoignant de l’évolution de la
condition et de la représentation des femmes tout au long du XIXe siècle et
jusqu’au XXe siècle, d’entrer aujourd’hui avec vous résolument dans le XXIe
siècle, voire au-delà, avec cette exposition « Femmes héroïques, une mythologie
moderne », en cette journée dédiée à la femme, à toutes les femmes.

Dans ce
musée consacré à l’homme, en tant qu’espèce, je me réjouis que nous
célébrions la femme, dans toutes ses dimensions, dans toutes ses luttes, dans
tous ses mystères.

Nous connaissons tous la fameuse formule de Simone de Beauvoir, « On ne naît
pas femme, on le devient », qui trouve sa vérité dans la suite des âges, comme
dans celle des siècles. Ce chemin est brillamment illustré par cette scénographie
inédite, ce parcours étonnant, peuplé d’êtres héroïques, de déesses des temps
modernes, personnifiant chacune un aspect de la condition féminine, du don de
la vie à l’émancipation des corps et des esprits.

Ces silhouettes tout droit sorties de l’univers de la mode et de la bande dessinée
nous entraînent dans un labyrinthe fantastique, dans un jeu de miroirs, de
matières, de couleurs, d’images et de sons, mais aussi d’idées et de luttes, qui
interrogent et bousculent nos représentations, nos certitudes. Elles nous
emportent dans ce mouvement de longue haleine, au fil des engagements, des
revendications, des combats, des obstacles, des avancées, des progrès, très
actuels, pour l’égalité des hommes et des femmes.

Je tiens à remercier chaleureusement Reine Willing, Présidente de l’association
Arts Plus, Philippe de Saint Mart Guilet, Directeur artistique, et l’ensemble du
collectif d’artistes, que vous avez su fédérer, autour de cette exposition, en
conjuguant vos énergies et vos talents, issus de tous les horizons et de toutes
les disciplines artistiques.

Du graphisme à la photographie, de la peinture au tricot, de l’image au son, cet
événement convoque en effet tous les arts, tous les métiers, pour une explosion de
création, de formes et de couleurs nouvelles et intemporelles à la fois.

Je tiens à
féliciter tous les artistes qui ont participé à la création de cette « mythologie
moderne », et ont mis leur brillante imagination, leur travail, leur savoir-faire, au
service de ce bel et vibrant hommage aux femmes du monde entier.

Je le disais à l’instant, cette exposition bouleverse les codes et les représentations,
et j’en ferai l’expérience dans un instant, en posant pour la première fois un pied
dans le monde virtuel de Second Life.

« Femmes héroïques » est en effet la première exposition mondiale réelle, et
virtuelle, à la fois visible au sein de cette prestigieuse institution, et accessible aux
internautes du monde entier. Ces derniers pourront, à leur tour, sur Second Life,
créer des avatars inspirés des super héroïnes, pour prolonger et nourrir le travail
des artistes.

J’inaugure aujourd’hui un geste inédit, surprenant, qui jette un pont entre les
artistes, entre le réel et le virtuel, entre l’un de nos plus grands musées et la
communauté des internautes du monde entier. Cette grande première ne
manquera pas, j’en suis certain, de faire des émules, en suscitant de nouveaux
rêves et de nouveaux projets. Je souhaite en tout cas un grand succès à cette
exposition, qui est une incitation, une invitation au voyage dans toutes les
dimensions de l’art, de l’esprit et de la vie, et qui mérite elle-même, après le musée
de l’Homme, de voyager dans le monde entier.

Je vous remercie.